En 2018, je me suis lancée dans ma première aventure d’auto-entrepreneuse. J’ai créé un studio de yoga : Oma Yoga Rouen.
Je venais de passer 5 ans de ma vie à travailler dans le domaine de la communication à Paris. J’y avais mené un rythme de vie frénétique qui ne me correspondait pas et qui avait fini par me bouffer, m’user, me vider. Je portais en moi la croyance qu’il était normal que le travail fasse souffrir. Après avoir fait 2 burn-outs, j’ai décidé de changer de vie et de créer une activité qui aurait plus de sens pour moi.
J’ai alors fait le pari fou de créer un studio de yoga à Rouen, ma ville natale. Et j’ai fait comme j’ai toujours fait dans ma vie : j’ai foncé tête baissée dans cette nouvelle aventure. Je me suis donnée à fond, j’ai construit une structure qui me ressemblait, un espace intime et bienveillant pour y accueillir des personnes en quête eux aussi de sens et de mieux-être.
J’ai vécu cette expérience intense à 300%, je me suis nourrie, j’ai vibré, j’ai été emplie de joie et de bonheur. Et comme tout cela était extrêmement prenant, j’ai aussi eu mon lot de nuits blanches, d’angoisses et de doutes qui se sont invités dans ma vie.
Avec Oma Yoga Rouen, j’ai rencontré un succès qui est allé au-delà de mes espérances, j’ai appris mille fois plus en travaillant à mon compte, qu’en travaillant en entreprise derrière un bureau, j’ai rencontré plein de gens formidables qui m’ont tous beaucoup apportés.
Mais voilà, en décembre 2019, j’ai décidé d’arrêter mon activité, à l’issue d’un 3ème burn-out… Mais comment est-ce possible me direz-vous ? Quand on est professeure de yoga, on est forcément zen et détendue, non ?!
Porter cette structure à moi toute seule m’a confrontée à des défis dont je n’avais pas du tout mesuré les enjeux avant de me lancer. Mon besoin de liberté était tellement fort en quittant le salariat que je n’avais pas vu venir certaines difficultés :
La précarité financière induite par de lourdes charges,
Une maladie qui s’est installée dans mon corps et qui a rendu l’enseignement du Yoga compliqué,
Des projets de famille qui semblaient peu compatibles avec l’investissement requis par mon activité,
L’accident de l’usine Lubrizol qui a eu un impact considérable sur la fréquentation de mes cours, etc… (et encore, je n’ai pas connu les bouleversements liés à la pandémie de Covid !).
La charge mentale que tout cela représentait m’a donc fait prendre du recul sur l’activité que j’avais construite et m’a amenée à dire « STOP ! ». J’étais en train de reproduire le même schéma que dans ma vie de salariée parisienne. Le travail passait avant le bien-être personnel. Sauf que cette fois-ci, je m’infligeais à moi-même ce calvaire.
Après m’être faite des nœuds dans tout le corps et après avoir pesé les pours et les contres, j’ai pris une grande inspiration et j’ai annoncé que j’arrêtais mon activité.
J’ai rapidement été convaincue que cette décision était la bonne, mais voilà, autour de moi, les gens me parlaient d’échec. Ce mot revenait souvent dans la bouche des gens que je rencontrais.
Je ne comprenais pas que l’on qualifie l’arrêt de mon activité d’échec. Pour moi, ce n’était pas du tout un échec. J’ai choisi de respecter mes besoins, je me suis écoutée et j’ai fait ce qu’il y avait de mieux pour moi. Je suis persuadée qu’il s’agit là de ma plus belle réussite.
Mais voilà, dans notre société, on a tendance à employer le mot « échec » sans prendre en considération ce que cela signifie vraiment. C’est un mot très dur qui détruit la confiance en soi et donne la sensation d’une fin glaciale.
Une démission, un licenciement, une rupture conventionnelle ou l’arrêt d’une activité d’auto-entrepreneur ne sont pas des échecs. Ce sont des bonds vers l’avenir. On s’arrête pour mieux reprendre ensuite. C’est merveilleux ! La vie n’est pas terminée, il y a encore tout plein de trésors à venir.
Certes, ces périodes de transition peuvent être très inconfortables et je vous épargnerais toute l’histoire où je me suis retrouvée sans revenu et dans l’incapacité de payer mon loyer et mes factures quand j’ai tout lâché…
Mais cela requiert une sacrée force et du courage que d’oser mettre un terme à ce qui ne va plus et de se tourner vers l’avenir, aussi incertain soit-il.
Après une longue introspection, j’ai donc fini par retrouver mon chemin :
J’ai analysé en profondeur toutes mes expériences professionnelles et j’en ai tiré des leçons qui m’ont faite avancer.
J’ai compris ce qui ne me convenait pas dans le salariat et comment mieux appréhender l’entrepreneuriat.
J’ai découvert quelles sont mes valeurs profondes et pourquoi il est important que je les défende.
J’ai retrouvé confiance en moi (Yeah !!!).
J’ai fait le deuil de mes expériences passées, j’honore les souvenirs de tout ce que j’ai vécu et j’accueille l’avenir le cœur ouvert.
La notion d’échec a progressivement disparu de mon champ de vision pour laisser éclore ce qui m’anime profondément depuis toujours : écouter, comprendre et aider mon prochain.
Presque 3 ans après la fin d’Oma Yoga Rouen, je viens de démarrer une nouvelle activité en auto-entreprise. Je suis Hypnothérapeute Humaniste et Maître-Enseignante Reiki.
Je savoure ce nouveau démarrage même s’il est, lui aussi, plein d’incertitudes. Je me sens plus sereine, plus ancrée dans cette nouvelle aventure. J’apprécie chaque moment de ce nouveau cycle et je suis curieuse de voir où il va me porter. Et surtout, je prends le temps de poser un regard doux et bienveillant sur moi-même, de me respecter et d’honorer mes besoins.
Et comme le dit si bien Boris Vian dans L’écume des jours, « Si on rate ce moment, on essaie celui d’après, et si l’on échoue, on recommence l’instant suivant. On a toute la vie pour réussir. »